Beaux-Arts

Henry Caron - La Somme – 23 avril 1921

La Somme | 23 avril 1921

La grande salle de l’Hôtel de Ville vient de s’orner depuis le début de ce mois, d’un tableau intéressant à un double point de vue pour notre cité : c’est d’abord l’œuvre d’un artiste abbevillois, M. Henry Caron [… illisible …] et si sympathique ancien directeur de l’École Saint-Jacques ; le sujet, c’est « La Somme aux environs d’Abbeville », c’est à dire le pont du chemin de fer à la chaussée d’Hocquet, avec un arrière-plan des toits des maisons et du clocher de l’église de Rouvroy, paysage qui nous est familier. Le Conseil municipal fut heureusement inspiré en décidant dans la séance du 30 décembre 1920, l’achat de cette œuvre d’art qui datant de 1913, figura avec honneur à l’Exposition de Monte Carlo. M. Armand Dayot, secrétaire des Beaux-Arts, désirait pour l’Exposition de Manchester, cette toile qui fait le plus grand honneur à l’artiste si souvent lauréat des salons de peinture. Mais M. Henry Caron, en bon Abbevillois, préférait réserver son tableau à sa ville natale. Il a prouvé son amour du clocher, en même temps que son désintéressement, par la modicité du prix demandé à la municipalité pour la vente de son œuvre.

D’ailleurs, la caractéristique de son talent démontre mieux encore cet attachement à la petite patrie, si fidèlement étudiée et [… illisible …] traduite, il n’y a que le pinceau d’un Abbevillois pour posseder à fond cette compréhension d’un ciel picard observé dès l’enfance, pour en rendre la lumière si variable et si fréquemment voilée. C’est avec une saisissante réalité que le talent, mieux que cela, la maîtrise d’Henry Caron excelle à fixer les fugitives tonalités grisâtres trop souvent du firmament de nos régions, à nuancer avec tant de délicate précision l’aspect changeant des eaux de la Somme. Les regards, même les moins exercés, en subissent au premier abord la très nette impression.

Un Membre de la Commission des Musées.