Pilote de la Somme | 31 mai 1921
Sous ce titre, nous lisons dans la Picardie :
Descendant d’une vieille famille abbevilloise, notre compatriote Henry Caron, est l’un des rares peintres que compte le département de la Somme, si peu riche en artistes et en hommes de lettres.
Dès sa jeunesse, il manifesta le goût le plus vif pour la peinture. Loin de contrarier ce penchant, sa famille favorisa le développement de ces dispositions pour l’art en lui faisant suivre l’enseignement du professeur abbevillois, Jules Caudron, pour lequel il a conservé la plus grande vénération. Il suivit ensuite à Paris, les cours de l’Ecole des Arts décoratifs et il expose au Salon des Artistes français depuis plus de vingt-cinq ans. Il est lauréat de ce salon, de la Société des Amis des Arts d’Amiens, de la Société d’Aix-en-Provence, etc. ; il a obtenu la plaquette d’argent à l’Exposition universelle de 1900.
L’œuvre d’Henry Caron est variée. Sa sensibilité d’artiste est des plus impressionnable. Il ne s’est pas spécialisé dans un genre, mais il en a abordé plusieurs avec un égal talent. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’examiner les nombreuses toiles sorties de son pinceau.
Dans sa jeunesse il subit l’influence de Jules Dupré et l’on retrouve chez le peintre abbevillois des réminiscences du maître paysagiste, notamment dans ces admirables compositions au charme prenant, d’une belle sincérité et d’une grande justesse de tons : La Somme. fleuve de gloire ; la Somme, perle de la Picardie.
Aussi amoureux de sa ville natale que de sa vieille province, Henry Caron a fixé sur la toile maints coins pittoresques d’Abbeville, entre autres une Vue de la Place de l’Amiral-Courbet qui fût, pendant la guerre en partie détruite par les avions ennemis.
Pour ses marines, notre compatriote est, un peu l’élève de Francis Tattegrain. Il a peint la mer par tous les temps et sous ses aspects les plus divers, depuis la Falaise de Mers jusqu’aux côtes tourmentées de la Bretagne en passant par les plages du littoral normand, et ses productions sont toujours empreintes d’une tonalité heureuse et vraie. Son envoi de cette année au Salon, la Mer perfide, en témoigne.
Grand chasseur, à l’automne, le moderne Nemrod ne fait pas oublier l’artiste qui se plaît à reproduire en natures mortes le produit de ses chasses.
Pour juger l’homme, affable et cordial, plein de franchise picarde, c’est dans son modeste atelier de la rue de Médéah, calme retraite, propice à la méditation et à la production, que ne fréquentent ni les critiques éminents, ni les membres de l’Institut qu’il faut voir et entendre Henry Caron, vous parler en artiste sincère et convaincu, mêlant volontiers dans la conversation des mots en patois, qui attestent ainsi combien il est resté passionnément attaché à son pays natal qu’il aime autant que son art.
Maurice THIÉRY.
