Un Artiste abbevillois

Henry Caron - Pilote de la Somme - 4 janvier 1921

Pilote de la Somme | 4 janvier 1921

Henri Caron, enfant d’Abbeville, où le père a laissé la souvenir vivace d’un excellent homme, doublé d’un éducateur estimé, a depuis plus de trente ans consacré ses courts loisirs à la peinture. Dès ses premiers essais il a été admis aux « Salons » des Champs-Élysées, où, chaque année on le trouve en bonne place. Plusieurs fois remarqué par une critique éclairé, il a obtenu des récompenses qui le classent au rang de nos meilleurs paysagistes ; il est également peinte de marines, genre dans lequel il n’excelle pas moins.
Son tableau de 1913, belle œuvre notamment, intitulée : La Somme et ses Berges vertes ; Environs d’Abbeville, très goûté des amateurs a eu l’honneur de l’Exposition de Monte Carlo et d’une élogieuse lettre de M. Armand Dayot, secrétaire des Beaux-Arts, le lui demandant pour l’Exposition de Manchester ; mais M. Caron a préféré le savoir en sa ville natale ; aussi sa proposition de vente auprès de notre Conseil Municipal, a-t-elle été acceptée a l’unanimité. L’acquisition fut faite à un prix fort modeste qui montre de la part de son auteur, en même temps qu’un réel désintéressement, un vif amour pour son clocher.
Tout d’abord notre reconnaissance va à nos conseillers qui ont su se conserver à Abbeville une œuvre magistrale et documentaire qui bientôt figurera dans la grande salle de la Mairie ; d’autre part nous adressons nos cordiales félicitations à notre concitoyen, dont le talent reconnu s’affirme chaque jour davantage, ce qui nous promet – maintenant qu’il peut consacrer tout son temps à sa belle passion — des œuvres que se disputeront les amateurs éclairés, car elles illustrent noblement cette Picardie si pittoresque, principalement le paysage des alentours d’Abbeville « imprégné d’ombre et de lumière qui miroite et qui change à chaque heure du jour, à mesure que le soleil sur l’horizon monte ou décline », et où il a puisé ses plus belles inspirations poétiques, ainsi qu’on peut s’en rendre compte en passant en revue ses récentes expositions. En 1914 il expose Saison d’Automne en Picardie ; en 1919 Les Villes saccagées, Le soir sur la Place Amiral-Courbet, 1918 ; enfin, au dernier Salon, nous avons pu admirer La Somme, fleurie de gloire, très lumineuse peinture d’une impression large, savante sans minutie.
Il nous est doux encore de remercier ici publiquement le généreux artiste qui a offert de petites études très poussées, pour les Concours et Championnats de tir de L’Abbevilloise que les heureux gagnants sont fiers d’avoir conquis de haute lutte pour leur adresse.
Il y a quelque vingt ans il a également fait don au Musé d’Abbeville et du Ponthieu d’une de ses meilleures toiles, intitulée, si notre mémoire est exacte, Vue et Plage de Cayeux-sur-Mer, par une belle soirée d’été.

GIL-REIN.